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Moins industriel et plus champêtre

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title Moins industriel et plus champêtre
author Quentin Groslier
publication Prémonition
date 1998/06
issue 29
pages p.35



"Moins industriel et plus champêtre"' is an interview (in French) by Quentin Groslier originally published June 1998 in Prémonition magazine Number 29 p.35


Original Text[edit]

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Entretien: Quentin Groslier

Photos: Stéphane Burlot

Moins industriel et plus champêtre que le gros des productions Warp, Boards of Canada perfectionne depuis déjà longtemps des musiques aux contours flous, jouant sur le temps, la répétition et d'étranges vocaux. Si à première vue, Michael Sanderson et Marcus Eoin ressemblent à des hippies, leur premier album, sous forme de compilation introductive, ne laisse pas pour autant beaucoup de place aux fleurs.

Michael Sanderson : Nous faisons de la musique depuis notre jeunesse. Nous avons débuté alors que nous étions enfants, en apprenant le piano et la guitare. Nous nous connaissons depuis fort longtemps, mais nous jouions dans des groupes différents depuis environ 1983. Nous nous sommes décidés à former un groupe ensemble en 1987, car nous travaillons mieux ainsi. Boards of Canada existe en réalité sérieusement depuis quatre ans.
Votre musique possède des accents très nostalgiques.
Michael : Oui, beaucoup de gens nous l'ont déjà fait remarquer. Cela vient du fait que nous avons été très influencés par ce que nous écoutions étant jeunes, les programmes de télévision pour enfants, les films ou ces musiques qui accompagnent les documentaires télévisés. Nous avons grandi avec et cela nous touche beaucoup plus que les musiques contemporaines, comme la "dance".
D'où vient le titre de votre album, "Music has the right to children" ?
Michael : D'un livre pour enfants paru dans les années 70 dont je ne me séparais jamais, qui était intitulé "Children have right to music". C'était un livre d'initiation très rigolo. Nous avons décidé de baptiser l'album ainsi, parce que nous considérons la musique comme une arme pour affecter les gens.
Marcus Eoin : Nous pensons notamment à son côté subliminal.
Michael : La musique n'est pas seulement une question de mélodies à écouter dans le but de se relaxer, elle comprend aussi des échantillons, des voix que nous utilisons, des titres que nous choisissons. Par notre travail, nous voulons contaminer les gens. Pour le titre de l'album, nous avons essayé de nous imaginer comment un enfant pourrait être touché par de telles atmosphères sombres qui entourent notre musique. Lorsque l'on se repasse en boucle une mélodie innocente à l'apparence très naïve, on commence au bout d'un certain moment à ressentir son côté sombre, inquiétant. Imagine comment un enfant pourrait être affecté par une telle ambiance. Il y a quelque chose de fascinant dans ce genre de confrontations.
Marcus : Nous aimons ce son. C'est comme écouter un disque qui serait à moitié fondu par la chaleur.
Vos musiques comprennent beaucoup d'éléments vocaux. N'avez-vous jamais travaillé avec un chanteur ou une chanteuse ?
Marcus : Nous l'avons fait, il y a longtemps, bien avant de former Boards of Canada mais nous ne voulons pas centrer notre musique autour du chant. Nous préférons transformer les voix, les découper, les rendre non identifiables. Il ne doit plus rester qu'un son organique.
Michael : Les voix traitées au synthétiseur apportent quelque chose d'effrayant. Nous écoutons par exemple souvent les disques de Walter Carlos (compositeur aujourd'hui transsexuel, qui s'illustra sur la bande-son d' Orange mécanique" et sur un album de reprises de Jean-Sébastien Bach au Moog -ndlr), qui a beaucoup travaillé dans ce sens. Sur le prochain album, il sera possible d'en entendre plus.
Quels rapports entretenez-vous avec les machines?
Marcus : Nous ne voulons pas être dépendants de la technologie. Il est tellement aisé aujourd'hui de composer de la musique techno, que bon nombre d'artistes se ressemblent. Alors que n'importe qui peut facilement identifier un morceau d'Aphex Twin, même s'il ne l'a jamais entendu.
Michael : Nous pouvons utiliser n'importe quel type d'instruments. Si nous utilisons en ce moment des synthétiseurs, c'est parce que nous les aimons beaucoup, ils nous rappellent de vieux souvenirs. La seule chose que nous ne voulons pas utiliser est la musique des autres, car nous considérons cela trop facile.
Marcus : Nous sommes de mauvais perfectionnistes, nous mettons toujours beaucoup trop de temps à aboutir à quelque chose. Nous passons notre temps à revenir en arrière sur notre travail, nous n'arrêtons pas de modifier les paramétrages des sons. Mais au final, nous sommes toujours satisfaits du résultat.
À quel moment décidez-vous qu'un morceau est terminé?
Marcus : Lorsque l'on vient nous voir pour nous presser de finir notre disque!
Michael : En réalité, nous ne considérons jamais qu'un morceau est fini. Il y a deux semaines, nous nous sommes remis à travailler sur un morceau auquel nous n'avions pas touché depuis deux ans. Pour nous, une musique n'est jamais achevée.
Marcus : Il nous arrive même parfois de récupérer la mélodie d'une de nos vieilles musiques et d'aller en chercher le rythme sur une autre.


Translated text[edit]

Interview: Quentin Groslier

Photos: Stéphane Burlot

Less industrial and more rural than the big productions of Warp, Boards of Canada have long been perfected with blurred music, playing with time, repetition and strange voices. If at first, Michael Sanderson[sic] and Marcus Eoin may look like hippies, their first album, in the form of an introductory compilation, won't leave much room for flowers.

Michael Sanderson[sic]: We've been making music since we were young. We started when we were kids, learning piano and guitar. We've known each other for a long time, but we were playing in different groups since about 1983. We decided to form a band together in 1987, because we work best this way. In actuality Boards of Canada has existed seriously for four years.
Your music has many nostalgic accents.
Michael: Yes, many people have already pointed that out to us. This is because we have been greatly influenced by what we listened to when young, children's TV programs, movies or music that accompany television documentaries. We grew up with this and it affects us far more than contemporary music, such as "dance".
From where does the title of your album, "Music Has The Right To Children", come?
Michael: From a children's book published in the 70's that has never left my mind, which was entitled "Children Have Right To Music." It was a very funny introductory book. We also decided to baptize the album with this title because we see music as a weapon to affect people.
Marcus Eoin: We especially like to think of its subliminal side.
Michael: The music is not just a matter of listening to melodies in order to relax, it also includes samples, the voices we use, the titles we choose. Through our work, we want to infect people. For the title of the album, we tried to imagine how a child could be affected by such dark atmospheres that surround our music. When you loop over and over an innocent melody with a very naive appearance, after a while you will start to feel its dark and disturbing side. Imagine how a child could be affected by such an atmosphere. There is something fascinating about this kind of confrontation.
Marcus: We love that sound. It's like listening to a record that is half melted by the heat.
Your music includes many vocal elements. Have you ever worked with a singer?
Marcus: We did a long time ago, well before forming Boards of Canada, but we don't want to focus our music around vocals. We prefer to convert voices, cut them, make them unidentifiable. It should no longer remain an organic sound.
Michael: Vocals processed through a synthesizer bring something frightening. We often listen to records of artists such as Walter Carlos (the now transsexual composer, who became famous on the soundtrack of A Clockwork Orange "and a cover album of Bach at Moog, Ed.) who has worked in this direction. On the next album, it will be possible to hear more.
What relationship do you have with machines?
Marcus: We do not want to be dependent on technology. It is so easy today to compose techno music, that many artists are alike. While anyone can easily identify a piece of Aphex Twin, even if they've never heard it.
Michael: We can use any type of instrument. If we are currently using synthesizers, it is because we like them a lot, they remind us of old memories. The only thing we do not want to use is the music of others, because we consider it too easy.
Marcus: We are awfully perfectionistic, we always put too much time to come up with something. We spend our time going back on our work, we do not stop changing the settings of sound. But in the end, we are always happy with the result.
At what point do you decide that a piece is finished?
Marcus: When one comes to us and urges us to finish our record!
Michael: In reality, we never consider a song as finished. Two weeks ago we got back to work on a song that we had not touched for two years. For us, music is never finished.
Marcus: We even sometimes recover a melody from some of our older music and go look for the rhythm on another.


Scans[edit]


Highlights[edit]

  • Mike reveals that MHTRTC's title was inspired by a children's introductory music book, as previously stated in the May 1998 DeBug interview.
  • One of the images used for the article is the same image for the 2002 Geogaddi album cover, which thus dates the image prior to June 1998.


External Links[edit]


References[edit]