(Interview: Les Champs de la Machine) |
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Dans les musiques Ă©lectroniques, les dates de pĂ©remption des disques se rĂ©vĂšlent parfois courtes : les jours peuvent valoir des semaines et les annĂ©es des siĂšcles. [[Boards Of Canada]] est assurĂ©ment une denrĂ©e musicale non pĂ©rissable. Si le temps ne semble pas avoir de prise sur leur musique, ça n'est pas uniquement parce que les deux frangins sont fanatiques d'Ă©quipements vintage. Certes, les vieilles machines confĂšrent une certaine patine Ă leur son, mais la situation gĂ©ographique de leur rĂ©sidence et de leur studio y contribue tout autant. C'est sĂ»r, dans la campagne Ă©cossaise oĂč sont reclus les deux compositeurs, le temps passe moins vite. Beaucoup moins vite. Si vivre ainsi isolĂ©s leur permet de dĂ©velopper un imaginaire diffĂ©rent, cela peut ĂȘtre aussi le chemin le plus direct vers le ressentiment antisocial et la paranoĂŻa. Comment trouver le juste Ă©quilibre ? "Ah ah, mais nous ne sommes quand mĂȘme pas des ermites !", nous prĂ©cise [[Mike Sandison]] par email, une façon de communiquer privilĂ©giĂ©e par le groupe Ă l'heure de promouvoir [[Tomorrow's Harvest]] dans le monde. | Dans les musiques Ă©lectroniques, les dates de pĂ©remption des disques se rĂ©vĂšlent parfois courtes : les jours peuvent valoir des semaines et les annĂ©es des siĂšcles. [[Boards Of Canada]] est assurĂ©ment une denrĂ©e musicale non pĂ©rissable. Si le temps ne semble pas avoir de prise sur leur musique, ça n'est pas uniquement parce que les deux frangins sont fanatiques d'Ă©quipements vintage. Certes, les vieilles machines confĂšrent une certaine patine Ă leur son, mais la situation gĂ©ographique de leur rĂ©sidence et de leur studio y contribue tout autant. C'est sĂ»r, dans la campagne Ă©cossaise oĂč sont reclus les deux compositeurs, le temps passe moins vite. Beaucoup moins vite. Si vivre ainsi isolĂ©s leur permet de dĂ©velopper un imaginaire diffĂ©rent, cela peut ĂȘtre aussi le chemin le plus direct vers le ressentiment antisocial et la paranoĂŻa. Comment trouver le juste Ă©quilibre ? "Ah ah, mais nous ne sommes quand mĂȘme pas des ermites !", nous prĂ©cise [[Mike Sandison]] par email, une façon de communiquer privilĂ©giĂ©e par le groupe Ă l'heure de promouvoir [[Tomorrow's Harvest]] dans le monde. | ||
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{{boc|"Quand nous parlons dâisolement, câest dâun point de vue artistique, pas social. Nous ne ressentons pas le besoin de traĂźner dans un contexte urbain, de nous tenir au courant de tout ce qui se fait en musique, de ce qui est populaire, etc. Ce genre de choses - la mode, la culture urbaine - relĂšve du bruit pour nous, comme des interfĂ©rences radio. Et cela devient une grosse source de distraction lorsque nous essayons de crĂ©er notre propre musique. Je trouve quâune bonne partie de la musique actuelle sonne comme si elle Ă©tait composĂ©e par des artistes qui regardent chacun par-dessus l'Ă©paule de lâautre. Je prĂ©fĂ©rais lâĂ©poque prĂ©-Internet quand les genres musicaux Ă©taient clairement diffĂ©renciĂ©s parce que ça permettait aux groupes et aux styles de musique en gĂ©nĂ©ral dâĂ©voluer indĂ©pendamment et de se dĂ©velopper pleinement, de façon concentrĂ©e et exclusive. LâInternet et la vie urbaine hyperconnectĂ©e a dĂ©truit cette puretĂ© dâaction."}} | {{boc|"Quand nous parlons dâisolement, câest dâun point de vue artistique, pas social. Nous ne ressentons pas le besoin de traĂźner dans un contexte urbain, de nous tenir au courant de tout ce qui se fait en musique, de ce qui est populaire, etc. Ce genre de choses - la mode, la culture urbaine - relĂšve du bruit pour nous, comme des interfĂ©rences radio. Et cela devient une grosse source de distraction lorsque nous essayons de crĂ©er notre propre musique. Je trouve quâune bonne partie de la musique actuelle sonne comme si elle Ă©tait composĂ©e par des artistes qui regardent chacun par-dessus l'Ă©paule de lâautre. Je prĂ©fĂ©rais lâĂ©poque prĂ©-Internet quand les genres musicaux Ă©taient clairement diffĂ©renciĂ©s parce que ça permettait aux groupes et aux styles de musique en gĂ©nĂ©ral dâĂ©voluer indĂ©pendamment et de se dĂ©velopper pleinement, de façon concentrĂ©e et exclusive. LâInternet et la vie urbaine hyperconnectĂ©e a dĂ©truit cette puretĂ© dâaction."}} | ||
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Vous avez dit rĂ©trograde ? Les citĂ©s modernes Ă©mettent donc des ondes nĂ©gatives qui nuisent Ă la crĂ©ativitĂ©. Pour surenchĂ©rir, comme il lâavouait rĂ©cemment (par mail) au Guardian en faisant rĂ©fĂ©rence au livre You Are Not A Gadget (2010) de lâessayiste amĂ©ricain Jaron Lanier, [[Mike]] considĂšre que "la technologie contemporaine nous donne souvent lâillusion du pouvoir alors quâen rĂ©alitĂ© elle ne cesse de nous retirer notre libertĂ© et homogĂ©nĂ©ise le comportement des utilisateurs." Ce constat morose mais ïŹnalement pertinent sur la sociĂ©tĂ© a tendance Ă se propager depuis quelque temps. Il rappelle la vison des films dâanticipation post-atomique des annĂ©es 70 - Soylent Green (1973), Loganâs Run (1976), Silent Running (1972), Phase IV (1974), etc. - et des sĂ©ries B paranoĂŻaques du dĂ©but des annĂ©es 80 (notamment les ïŹlms de zombie italiens). Assez peu perspicaces voire franchement fantaisistes sur le plan de la prospective, ces ïŹlms sont beaucoup plus intĂ©ressants sur ce quâils rĂ©vĂšlent de nos angoisses sociales ou Ă©cologiques et de nos phobies collectives. DerriĂšre lâapparence dâun clichĂ© Instagram, la pochette de [[Tomorrow's Harvest]] est au diapason : la silhouette des immeubles de San Francisco brise la ligne dâun horizon dĂ©solĂ© et disparaĂźt comme phagocytĂ©e par une lueur incandescente. On contemple alors une citĂ© agonisante, puis un mirage ; la rĂ©manence dâun futur utopique oubliĂ©... Une fois le disque posĂ© sur la platine, cette atmosphĂšre est presque palpable. [[Mike]] en rajoute une couche, toujours auprĂšs du Guardian: | Vous avez dit rĂ©trograde ? Les citĂ©s modernes Ă©mettent donc des ondes nĂ©gatives qui nuisent Ă la crĂ©ativitĂ©. Pour surenchĂ©rir, comme il lâavouait rĂ©cemment (par mail) au Guardian en faisant rĂ©fĂ©rence au livre You Are Not A Gadget (2010) de lâessayiste amĂ©ricain Jaron Lanier, [[Mike]] considĂšre que "la technologie contemporaine nous donne souvent lâillusion du pouvoir alors quâen rĂ©alitĂ© elle ne cesse de nous retirer notre libertĂ© et homogĂ©nĂ©ise le comportement des utilisateurs." Ce constat morose mais ïŹnalement pertinent sur la sociĂ©tĂ© a tendance Ă se propager depuis quelque temps. Il rappelle la vison des films dâanticipation post-atomique des annĂ©es 70 - Soylent Green (1973), Loganâs Run (1976), Silent Running (1972), Phase IV (1974), etc. - et des sĂ©ries B paranoĂŻaques du dĂ©but des annĂ©es 80 (notamment les ïŹlms de zombie italiens). Assez peu perspicaces voire franchement fantaisistes sur le plan de la prospective, ces ïŹlms sont beaucoup plus intĂ©ressants sur ce quâils rĂ©vĂšlent de nos angoisses sociales ou Ă©cologiques et de nos phobies collectives. DerriĂšre lâapparence dâun clichĂ© Instagram, la pochette de [[Tomorrow's Harvest]] est au diapason : la silhouette des immeubles de San Francisco brise la ligne dâun horizon dĂ©solĂ© et disparaĂźt comme phagocytĂ©e par une lueur incandescente. On contemple alors une citĂ© agonisante, puis un mirage ; la rĂ©manence dâun futur utopique oubliĂ©... Une fois le disque posĂ© sur la platine, cette atmosphĂšre est presque palpable. [[Mike]] en rajoute une couche, toujours auprĂšs du Guardian: | ||
â | {{boc|""Nous sommes devenus beaucoup plus nihilistes au ïŹl du temps. Dans un sens, nous cĂ©lĂ©brons lâidĂ©e dâeffondrement (ndlr: cf le titre Collapse au milieu du disque) plus que nous tentons dây rĂ©sister: Câest probablement un album dĂ©primant mais ça reste une question de point de vue. Il ne sâagit pas tant dâune Ćuvre post-apocalyptique, il y est plutĂŽt question dâune Ă©tape qui nous attend tous, inexorablement." "}} | + | |
+ | {{boc|""Nous sommes devenus beaucoup plus nihilistes au ïŹl du temps. Dans un sens, nous cĂ©lĂ©brons lâidĂ©e dâeffondrement (ndlr: cf le titre [[Collapse]] au milieu du disque) plus que nous tentons dây rĂ©sister: Câest probablement un album dĂ©primant mais ça reste une question de point de vue. Il ne sâagit pas tant dâune Ćuvre post-apocalyptique, il y est plutĂŽt question dâune Ă©tape qui nous attend tous, inexorablement." "}} | ||
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VoilĂ pour le dĂ©cor. Certes, en fonction de ses expĂ©riences cinĂ©matographiques, de ses lectures ou du rapport que chacun entretient avec la musique de [[Boards Of Canada]], lâalbum nâĂ©voquera probablement pas les mĂȘmes images. Le canevas dramatique Ă©laborĂ© ici par le duo Ă©cossais est dâune prĂ©cision telle que les collages alĂ©atoires et abstraits de ïŹlms Super 8 qui font office de vidĂ©os promotionnelles ne sont pas aussi pertinents. Non, mĂȘme si on y retrouve une certaine douceur sonore familiĂšre, [[Tomorrow's Harvest]] nâest vraiment pas un album dâelectro ambient progressive ou un kalĂ©idoscope sonore acidulĂ©. Il a Ă©tĂ© conçu comme une bande originale de ïŹlm et se doit dâĂȘtre Ă©coutĂ© ainsi. Malheureusement, aujourdâhui, plus personne nâest capable de tourner le long-mĂ©trage idoine et câest sans doute aussi pour cela que la nostalgie opĂšre dĂšs les premiĂšres notes. Les frĂšres Sandison reconnaissent dâailleurs volontiers avoir beaucoup Ă©tudiĂ© les compositeurs des sĂ©ries B des annĂ©es 70 et 80 : Mark Isham, Fabio Frizzi (compositeur de Zombi 2 en 1979, fausse suite italienne des ïŹlms de George A. Romero), Stefano Mainetti (Zombi 3, 1988), Wendy Carlos (The Shining en 1980, Tron en 1982) ou encore John Harrison. Ce demier semble trouver une place particuliĂšre dans leur panthĂ©on. Le motif sonore dĂ©clinĂ© sur [[White Cyclosa]], un extrait de [[Tomorrow's Harvest]], ressemble ainsi Ă©trangement Ă lâintroduction que Harrison joue sur The Dead Suite, un extrait de la BOF de Day Of The Dead (1985), le ïŹlm de George A. Romero. Certes, la tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale de [[Tomorrow's Harvest]] nâest pas aussi oppressante et nihiliste quâun ïŹlm de morts-vivants. Les atmosphĂšres sont plus nuancĂ©es et les sentiments qui sâen dĂ©gagent plus variĂ©s mais pas moins intenses. Câest en tout cas lâun des hommages les plus sincĂšres et Ă©mouvants rendus par la musique Ă©lectronique au cinĂ©ma de genre. Laissons maintenant [[Marcus]] et [[Mike]] Ă©tayer la belle affaire Ă leur maniĂšre. | VoilĂ pour le dĂ©cor. Certes, en fonction de ses expĂ©riences cinĂ©matographiques, de ses lectures ou du rapport que chacun entretient avec la musique de [[Boards Of Canada]], lâalbum nâĂ©voquera probablement pas les mĂȘmes images. Le canevas dramatique Ă©laborĂ© ici par le duo Ă©cossais est dâune prĂ©cision telle que les collages alĂ©atoires et abstraits de ïŹlms Super 8 qui font office de vidĂ©os promotionnelles ne sont pas aussi pertinents. Non, mĂȘme si on y retrouve une certaine douceur sonore familiĂšre, [[Tomorrow's Harvest]] nâest vraiment pas un album dâelectro ambient progressive ou un kalĂ©idoscope sonore acidulĂ©. Il a Ă©tĂ© conçu comme une bande originale de ïŹlm et se doit dâĂȘtre Ă©coutĂ© ainsi. Malheureusement, aujourdâhui, plus personne nâest capable de tourner le long-mĂ©trage idoine et câest sans doute aussi pour cela que la nostalgie opĂšre dĂšs les premiĂšres notes. Les frĂšres Sandison reconnaissent dâailleurs volontiers avoir beaucoup Ă©tudiĂ© les compositeurs des sĂ©ries B des annĂ©es 70 et 80 : Mark Isham, Fabio Frizzi (compositeur de Zombi 2 en 1979, fausse suite italienne des ïŹlms de George A. Romero), Stefano Mainetti (Zombi 3, 1988), Wendy Carlos (The Shining en 1980, Tron en 1982) ou encore John Harrison. Ce demier semble trouver une place particuliĂšre dans leur panthĂ©on. Le motif sonore dĂ©clinĂ© sur [[White Cyclosa]], un extrait de [[Tomorrow's Harvest]], ressemble ainsi Ă©trangement Ă lâintroduction que Harrison joue sur The Dead Suite, un extrait de la BOF de Day Of The Dead (1985), le ïŹlm de George A. Romero. Certes, la tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale de [[Tomorrow's Harvest]] nâest pas aussi oppressante et nihiliste quâun ïŹlm de morts-vivants. Les atmosphĂšres sont plus nuancĂ©es et les sentiments qui sâen dĂ©gagent plus variĂ©s mais pas moins intenses. Câest en tout cas lâun des hommages les plus sincĂšres et Ă©mouvants rendus par la musique Ă©lectronique au cinĂ©ma de genre. Laissons maintenant [[Marcus]] et [[Mike]] Ă©tayer la belle affaire Ă leur maniĂšre. | ||
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â | âRetroâ you can say that again! So then, urban modernity creates negative vibes that affect creativity. On top of that, as he confessed recently by email to the Guardian, in reference to the book You Are Not A Gadget (2010) by the American author Jaron Lanier, Mike believes that âmodern technology often gives an illusion of empowerment while in reality it's increasingly all about removal of liberty, and homogenising the user base." This morose yet relevant observation of society has been growing for some time. It recalls the post-apocalyptic films of the 70s - Soylent Green (1973), Logan's Run (1976), Silent Running (1972), Phase IV (1974), etc. - paranoid low budget series of the early '80s (Italian zombie films notably). A fairly uninsightful and downright fanciful forecast, these films are much more interesting in that they reveal our social and ecological anxieties; our collective phobias. Despite the appearance of a clichĂ©d Instagram, the cover of [[Tomorrow's Harvest]] just⊠fits: the San Francisco skyline breaks the line of a desolate horizon and disappears as if engulfed by an incandescent glow. We look upon a city as if in agony, then as a mirage, the persistent memory of a forgotten utopian future ... When the needle hits the vinyl, the atmosphere is almost palpable. Mike lays it on thick in the Guardian interview again "We've become a lot more nihilistic over the years. In a way we're really celebrating an idea of collapse (the track Collapse is in the middle of the album) rather than resisting it. It's probably quite a bleak album, depending on your perspective. It's not post-apocalyptic so much as it is about an inevitable stage that lies in front of us." So much for setting the scene. Certainly, based on oneâs personal film experience, or the rapport that each of us has with the music of [[Boards Of Canada]], the album probably wonât evoke the same images. The precise dramatic outline drafted here by the Scottish duo, show that the random and abstract Super8 collages that once served as promotional videos are now an irrelevance. Even if we find a few smooth, familiar sounds, [[Tomorrow's Harvest]] is not really an album of progressive ambient electro or an acidic sound kaleidoscope. It was conceived as a soundtrack and must be taken as such. Unfortunately, today, no one is around to make the ideal film for it and this is probably also why nostalgia operates from the very first notes. The Sandison brothers also tip their hats to low budget series composers from the 70s and 80s : Mark Isham, Fabio Frizzi (the composer for Zombi 2 in 1979, a fake Italian Romero sequel), Stefano Mainetti (Zombie 3, 1988) Wendy Carlos (The Shining in 1980, Tron 1982) or John Harrison. The latter seems to find a special place in their repertoire. The sinking feeling of [[White Cyclosa]] (track 3 of [[Tomorrow's Harvest]]) strangely resembles the introduction that Harrison plays for The Dead Suite, from the soundtrack of Romeroâs Day Of The Dead (1985), whilst not being as oppressive and nihilistic as a zombie film. The atmospheres are more subtly layered and the emotions that emerge more diverse, but no less intense. This is certainly one of the more sincere and moving tributes given to this genre of cinema from the electronic music genre. Now letâs allow Marcus and Mike show off their wares in their own way. | + | âRetroâ you can say that again! So then, urban modernity creates negative vibes that affect creativity. On top of that, as he confessed recently by email to the Guardian, in reference to the book You Are Not A Gadget (2010) by the American author Jaron Lanier, Mike believes that âmodern technology often gives an illusion of empowerment while in reality it's increasingly all about removal of liberty, and homogenising the user base." This morose yet relevant observation of society has been growing for some time. It recalls the post-apocalyptic films of the 70s - Soylent Green (1973), Logan's Run (1976), Silent Running (1972), Phase IV (1974), etc. - paranoid low budget series of the early '80s (Italian zombie films notably). A fairly uninsightful and downright fanciful forecast, these films are much more interesting in that they reveal our social and ecological anxieties; our collective phobias. Despite the appearance of a clichĂ©d Instagram, the cover of [[Tomorrow's Harvest]] just⊠fits: the San Francisco skyline breaks the line of a desolate horizon and disappears as if engulfed by an incandescent glow. We look upon a city as if in agony, then as a mirage, the persistent memory of a forgotten utopian future ... When the needle hits the vinyl, the atmosphere is almost palpable. Mike lays it on thick in the Guardian interview again "We've become a lot more nihilistic over the years. In a way we're really celebrating an idea of collapse (the track [[Collapse]] is in the middle of the album) rather than resisting it. It's probably quite a bleak album, depending on your perspective. It's not post-apocalyptic so much as it is about an inevitable stage that lies in front of us." So much for setting the scene. Certainly, based on oneâs personal film experience, or the rapport that each of us has with the music of [[Boards Of Canada]], the album probably wonât evoke the same images. The precise dramatic outline drafted here by the Scottish duo, show that the random and abstract Super8 collages that once served as promotional videos are now an irrelevance. Even if we find a few smooth, familiar sounds, [[Tomorrow's Harvest]] is not really an album of progressive ambient electro or an acidic sound kaleidoscope. It was conceived as a soundtrack and must be taken as such. Unfortunately, today, no one is around to make the ideal film for it and this is probably also why nostalgia operates from the very first notes. [[Boards of Canada|The Sandison brothers]] also tip their hats to low budget series composers from the 70s and 80s : Mark Isham, Fabio Frizzi (the composer for Zombi 2 in 1979, a fake Italian Romero sequel), Stefano Mainetti (Zombie 3, 1988) Wendy Carlos (The Shining in 1980, Tron 1982) or John Harrison. The latter seems to find a special place in their repertoire. The sinking feeling of [[White Cyclosa]] (track 3 of [[Tomorrow's Harvest]]) strangely resembles the introduction that Harrison plays for The Dead Suite, from the soundtrack of Romeroâs Day Of The Dead (1985), whilst not being as oppressive and nihilistic as a zombie film. The atmospheres are more subtly layered and the emotions that emerge more diverse, but no less intense. This is certainly one of the more sincere and moving tributes given to this genre of cinema from the electronic music genre. Now letâs allow [[Marcus]] and [[Mike]] show off their wares in their own way. |
title | Les Champs de la Machine |
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author | Sylvain Collin |
publication | Magic RPM |
date | July 2013 |
issue | 174 |
pages |
"Les Champs de la Machine" is a 2013 interview by Sylvain Collin. It originally appeared in Magic RPM. [1]
This is an original text copied verbatim from the original source. Do not edit this text to correct errors or misspellings. Aside from added wikilinks, this text is exactly as it originally appeared.
Dossier coordonné par Jean-François Le Puil
Article et Interview Sylvain Collin
Photographies Iain Campbell
Les Moissons du Ciel
La nostalgie comme arme de destruction massive : Boards Of Canada est allĂ© chercher dans le passĂ© un moyen (imaginaire) dâanĂ©antir lâidĂ©ologie du progrĂšs technologique que lâon nous vend au quotidien. La fratrie est revenue du voyage avec Tomorrow's Harvest, vĂ©ritable petit chef-dâoeuvre de la musique Ă©lectronique. ĂlaborĂ© pendant plusieurs annĂ©es, cet album exhorte lâauditeur Ă fantasmer une fin du monde diffĂ©rente : une apocalypse ironique et onirique. Un dialogue fantastique et jubilatoire entre George Orwell et George A. Romero mis en son avec une prĂ©cision et une minutie exemplaires.
P28 Les Moissons du Ciel
Boards Of Canada Ă la lumiĂšre du jour d'aprĂšs.
P34 LA GALAXIE SâANIME DĂšs collĂšgues de tous bords incitent le duo Ă sâouvrir.
P37 LA MUSIQUE DES RĂVES Clap clap de fin en compagnie de Michel Gondry
Marcus Eoin et Mike Sandison auront beau le nier, ils sont trĂšs soucieux de la maniĂšre dont le public perçoit leur musique. Il n'y a absolument rien de mĂ©prisable Ă cela, bien au contraire. S'il avait pu, Stanley Kubrick aurait repeint lui-mĂȘme les salles de cinĂ©ma qu'il nâestimait pas assez obscures pour projeter ses ïŹlms. Pour Boards Of Canada, c'est un peu la mĂȘme chose. Bon, d'accord, ils ne viendront pas rĂ©gler eux-mĂȘmes lâĂ©qualiseur de votre chaĂźne hi-ïŹ ou changer la disposition de vos enceintes audiophiles, mais ils prennent soin de tous les dĂ©tails, de l'enregistrement jusqu'Ă la promotion. Ainsi, c'est seulement lors de la sortie du LP prĂ©cĂ©dent, The Campfire Headphase (2005), que le duo rĂ©vĂšle du bout des lĂšvres ĂȘtre en rĂ©alitĂ© une fratrie. Pourquoi cacher un Ă©lĂ©ment biographique a priori anodin ? Principalement pour Ă©viter les comparaisons avec Paul et Phil Hartnoll dâOrbital, rĂ©torquent-ils Ă l'Ă©poque. Curieux. Sans doute ont-ils aussi voulu Ă©chapper Ă toute une sĂ©rie de questions intimidantes sur leur enfance, leur famille, etc. Ă ce titre, il est particuliĂšrement Ă©diïŹant de relire les papiers Ă©crits aux dĂ©buts des Beach Boys, de The Jesus And Mary Chain ou d'Oasis. En revanche, ce n'est pas difficile Ă imaginer, mais les Sandison s'entendent beaucoup mieux que les frĂšres Wilson, Reid ou Gallagher. Gamins, ils jouent dĂ©jĂ de la musique ensemble. Vers dix ou douze ans, ils bricolent sur un magnĂ©tophone multi-pistes. Plus tard, Marcus monte un groupe de mĂ©tal au lycĂ©e. Mike ne goĂ»te pas autant ce genre de musique, mais les deux frangins continuent de composer conjointement Ă l'aide de leurs synthĂ©s. Le dĂ©but des annĂ©es 90 est le prologue de l'aventure de Boards Of Canada. Un cadre sonore se dessine lentement et des compositions prennent forme. Beaucoup de musique s'accumule sur les bandes. Assez pour sortir quelques disques, mais Mike et Marcus ne sont pas assez bons. Du moins, c'est leur avis, car pour avoir entendu quelques-uns de leurs vieux morceaux, des cassettes qu'ils distribuaient Ă leurs amis jusqu'Ă Boc Maxima (1996), cette premiĂšre mouture de Music Has the Right to Children (1998), ils n'avaient pas grand chose Ă envier aux cadors de lâIDM de l'Ă©poque : Aphex Twin, The Orb, The Future Sound Of London, Autechre et Orbital, donc. Depuis sa premiĂšre publication, Boards Of Canada prend le temps de dĂ©grossir, de polir, de peauïŹner et de fignoler jusqu'Ă parvenir au disque prĂ©cis qu'il a en tĂȘte. Mike confie mĂȘme ĂȘtre capable de dĂ©penser du temps et de l'argent pour rĂ©cupĂ©rer du matĂ©riel audio qui ne servira que pour une toute petite seconde de musique. VoilĂ probablement pourquoi Tomorrow's Harvest mit sept longues annĂ©es Ă aboutir.
ZOMBIE
Dans les musiques Ă©lectroniques, les dates de pĂ©remption des disques se rĂ©vĂšlent parfois courtes : les jours peuvent valoir des semaines et les annĂ©es des siĂšcles. Boards Of Canada est assurĂ©ment une denrĂ©e musicale non pĂ©rissable. Si le temps ne semble pas avoir de prise sur leur musique, ça n'est pas uniquement parce que les deux frangins sont fanatiques d'Ă©quipements vintage. Certes, les vieilles machines confĂšrent une certaine patine Ă leur son, mais la situation gĂ©ographique de leur rĂ©sidence et de leur studio y contribue tout autant. C'est sĂ»r, dans la campagne Ă©cossaise oĂč sont reclus les deux compositeurs, le temps passe moins vite. Beaucoup moins vite. Si vivre ainsi isolĂ©s leur permet de dĂ©velopper un imaginaire diffĂ©rent, cela peut ĂȘtre aussi le chemin le plus direct vers le ressentiment antisocial et la paranoĂŻa. Comment trouver le juste Ă©quilibre ? "Ah ah, mais nous ne sommes quand mĂȘme pas des ermites !", nous prĂ©cise Mike Sandison par email, une façon de communiquer privilĂ©giĂ©e par le groupe Ă l'heure de promouvoir Tomorrow's Harvest dans le monde.
Vous avez dit rĂ©trograde ? Les citĂ©s modernes Ă©mettent donc des ondes nĂ©gatives qui nuisent Ă la crĂ©ativitĂ©. Pour surenchĂ©rir, comme il lâavouait rĂ©cemment (par mail) au Guardian en faisant rĂ©fĂ©rence au livre You Are Not A Gadget (2010) de lâessayiste amĂ©ricain Jaron Lanier, Mike considĂšre que "la technologie contemporaine nous donne souvent lâillusion du pouvoir alors quâen rĂ©alitĂ© elle ne cesse de nous retirer notre libertĂ© et homogĂ©nĂ©ise le comportement des utilisateurs." Ce constat morose mais ïŹnalement pertinent sur la sociĂ©tĂ© a tendance Ă se propager depuis quelque temps. Il rappelle la vison des films dâanticipation post-atomique des annĂ©es 70 - Soylent Green (1973), Loganâs Run (1976), Silent Running (1972), Phase IV (1974), etc. - et des sĂ©ries B paranoĂŻaques du dĂ©but des annĂ©es 80 (notamment les ïŹlms de zombie italiens). Assez peu perspicaces voire franchement fantaisistes sur le plan de la prospective, ces ïŹlms sont beaucoup plus intĂ©ressants sur ce quâils rĂ©vĂšlent de nos angoisses sociales ou Ă©cologiques et de nos phobies collectives. DerriĂšre lâapparence dâun clichĂ© Instagram, la pochette de Tomorrow's Harvest est au diapason : la silhouette des immeubles de San Francisco brise la ligne dâun horizon dĂ©solĂ© et disparaĂźt comme phagocytĂ©e par une lueur incandescente. On contemple alors une citĂ© agonisante, puis un mirage ; la rĂ©manence dâun futur utopique oubliĂ©... Une fois le disque posĂ© sur la platine, cette atmosphĂšre est presque palpable. Mike en rajoute une couche, toujours auprĂšs du Guardian:
VoilĂ pour le dĂ©cor. Certes, en fonction de ses expĂ©riences cinĂ©matographiques, de ses lectures ou du rapport que chacun entretient avec la musique de Boards Of Canada, lâalbum nâĂ©voquera probablement pas les mĂȘmes images. Le canevas dramatique Ă©laborĂ© ici par le duo Ă©cossais est dâune prĂ©cision telle que les collages alĂ©atoires et abstraits de ïŹlms Super 8 qui font office de vidĂ©os promotionnelles ne sont pas aussi pertinents. Non, mĂȘme si on y retrouve une certaine douceur sonore familiĂšre, Tomorrow's Harvest nâest vraiment pas un album dâelectro ambient progressive ou un kalĂ©idoscope sonore acidulĂ©. Il a Ă©tĂ© conçu comme une bande originale de ïŹlm et se doit dâĂȘtre Ă©coutĂ© ainsi. Malheureusement, aujourdâhui, plus personne nâest capable de tourner le long-mĂ©trage idoine et câest sans doute aussi pour cela que la nostalgie opĂšre dĂšs les premiĂšres notes. Les frĂšres Sandison reconnaissent dâailleurs volontiers avoir beaucoup Ă©tudiĂ© les compositeurs des sĂ©ries B des annĂ©es 70 et 80 : Mark Isham, Fabio Frizzi (compositeur de Zombi 2 en 1979, fausse suite italienne des ïŹlms de George A. Romero), Stefano Mainetti (Zombi 3, 1988), Wendy Carlos (The Shining en 1980, Tron en 1982) ou encore John Harrison. Ce demier semble trouver une place particuliĂšre dans leur panthĂ©on. Le motif sonore dĂ©clinĂ© sur White Cyclosa, un extrait de Tomorrow's Harvest, ressemble ainsi Ă©trangement Ă lâintroduction que Harrison joue sur The Dead Suite, un extrait de la BOF de Day Of The Dead (1985), le ïŹlm de George A. Romero. Certes, la tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale de Tomorrow's Harvest nâest pas aussi oppressante et nihiliste quâun ïŹlm de morts-vivants. Les atmosphĂšres sont plus nuancĂ©es et les sentiments qui sâen dĂ©gagent plus variĂ©s mais pas moins intenses. Câest en tout cas lâun des hommages les plus sincĂšres et Ă©mouvants rendus par la musique Ă©lectronique au cinĂ©ma de genre. Laissons maintenant Marcus et Mike Ă©tayer la belle affaire Ă leur maniĂšre.
NAZE
LA GALAXIE SâANIME
Tenant son rang depuis quinze ans face aux autres artistes du label Warp, Boards Of Canada est apprĂ©ciĂ© et chĂ©ri par les amateurs de rock, pop, metal ou hip hop. Si la musique de Mike Sandison et Marcus Eoin envoĂ»te, c'est souvent leur approche radicale de la production qui fascine leurs homologues musiciens. Certains d'entres eux ont tenu Ă leur poser une question ou deux. Un exercice contre nature pour le duo autarcique qui a tout de mĂȘme jouĂ© le jeu sans mal.
COORDINATION JEAN-FRANĂOIS LE PUIL
TRADUCTION SYLVAIN COLLIN
YONI WOLF
(WHY?)
GHOST BOX RECORDS
(BELBURY POLY, THE FOCUS GROUP, ETC.)
BENOIT PIOULARD
PARSLEY SOUND
(EX-SLUM)
BIBIO
JACQUES GREENE
BENOIT PIOULARD
NEIL KRUG
(RĂALISATEUR DES VIDĂOS DE âTomorrow's Harvest")
BENOIT PIOULARD
ANDREW HUNG
(FUCK BUTTONS)
BOOM BIP
JUSTIN BROADRICK
(JESU, GODFLESH)
BOOM BIP
JON HOPKINS
LA MUSIQUE DES REVES
MICHEL GONDRY
CinĂ©aste dâorigine versaillaise pas forcĂ©ment prophĂšte en son pays, Michel Gondry, batteur en son temps du groupe Oui Oui, connait la musique. Auteur de clips pour Björk, Daft Punk ou The White Stripes, il a utilisĂ© trois titres de Boards Of Canada dans la bande originale de The We And The I (2012). Le cinĂ©aste explique pourquoi les disques de Mike Sandison et Marcus Eoin lâinspirent autant dans son travail.
POLICE
NB. En attendant de découvrir Is The Man Who Is Ta!! Happy?, son documentaire animé sur (et avec) le linguiste et philosophe américain Noam Chomsky, les films de Michel Gondry sont disponibles en DVD tout comme une sélection de ses vidéo-clips, The Work Of Director Michel Gondry (2003).
File compiled by Jean-François Le Puil
Article and Interview Sylvain Collin
Photographs Iain Campbell
HARVEST FROM HEAVEN
Nostalgia as a weapon of mass destruction: Boards Of Canada look into the past via an (imaginary) means in order to destroy the ideology of technological progress that we are sold on a daily basis. The brothers are back from their travels with Tomorrow's Harvest, true little masterpiece of electronic music. Developed over several years, this album urges the listener to fantasize a quite different conclusion to the end of the world: an ironic and dreamlike apocalypse. A fantastic and exhilarating dialogue between George Orwell and George A. Romero played with exemplary accuracy and thoroughness.
P28 HARVEST FROM HEAVEN
Boards Of Canada in the light of The Day After Tomorrow.
P34 THE GALAXY COMES TO LIFE Co-musicians from all walks of life encourage the duo to open up.
P37 THE MUSIC OF DREAMS Cut! Thatsâs a rap! with Michel Gondry
Marcus Eoin and Mike Sandison will try to deny it, but they are very concerned about how the public perceives their music. There is absolutely nothing contemptible in that, quite the contrary. If he could have, Stanley Kubrick himself would have painted the theaters where his films were playing if he felt that they werenât dark enough. For Boards Of Canada, it's a bit the same. Well, okay, they wonât come and set the equalizer on your stereo for you or change the layout of your audiophile speakers, but they will take care of all the details; from recording to promotion. So itâs only with the release of the LP, The Campfire Headphase (2005), that the duo reveal that they are actually brothers. Why hide such a bland biographical fact? Mainly to avoid comparisons with Paul and Phil Hartnoll of Orbital, they argued at the time. Curious. No doubt they also wanted to avoid a series of questions about their childhood, family, etc. As such, it is particularly instructive to read the articles written at the time about the Beach Boys, The Jesus And Mary Chain and Oasis. However, itâs not so hard to imagine that the Sandisons get along a lot better than the brothers Wilson, Reid or Gallagher. As kids, they already played music together. When they were ten or twelve years old, they tinkered with multi-track VHS. Later, Marcus joined a metal band in secondary school. But that wasnât Mikeâs style, even then, the two brothers continued to fiddle with their synths together. The early 90s is the prologue to the story of Boards Of Canada. A musical framework slowly takes shape and compositions are born. The tracks they made during that period would be enough to fill a few albums, but Mike and Marcus just werenât good enough, at least, that was their opinion. Having heard some of their old songs; cassettes they distributed to their friends up until the release of Boc Maxima (1996); the first version of Music Has the Right to Children (1998), itâs clear they had what it takes to make the heavyweights of the IDM era (Aphex Twin, The Orb, The Future Sound Of London, Orbital and Autechre) green with envy. Ever since their first release, Boards Of Canada took time out to trim down, polish, refine and tweak to achieve the style they had in mind. Mike once said he could easily spend time and money to recover the right audio material just for a few seconds of music. This is probably why, Tomorrow's Harvest took seven long years to reap.
ZOMBIE
In electronic music, the expiry dates can be short: the days can be worth a few weeks, the years a century. Boards Of Canadaâs is the sort that doesnât ever seem to go out of date. If it seems that time has no hold over their music, it could be that the two brothers are fond of vintage equipment. Certainly, their old equipment give a certain patina to their sound, but their choice of abode and studio location must play a part, too. Of course, in the Scottish countryside where the reclusive composers live time passes slower. Much slower. If living in such isolation allow them to develop a different world, itâs also a direct route to feelings of resentment and antisocial paranoia. How to find the right balance? "Aha, but weâre not really hermits", Mike makes clear, email being the preferred means of communication favored by the group at the time of promotion of Tomorrow's Harvest in the world.
âRetroâ you can say that again! So then, urban modernity creates negative vibes that affect creativity. On top of that, as he confessed recently by email to the Guardian, in reference to the book You Are Not A Gadget (2010) by the American author Jaron Lanier, Mike believes that âmodern technology often gives an illusion of empowerment while in reality it's increasingly all about removal of liberty, and homogenising the user base." This morose yet relevant observation of society has been growing for some time. It recalls the post-apocalyptic films of the 70s - Soylent Green (1973), Logan's Run (1976), Silent Running (1972), Phase IV (1974), etc. - paranoid low budget series of the early '80s (Italian zombie films notably). A fairly uninsightful and downright fanciful forecast, these films are much more interesting in that they reveal our social and ecological anxieties; our collective phobias. Despite the appearance of a clichĂ©d Instagram, the cover of Tomorrow's Harvest just⊠fits: the San Francisco skyline breaks the line of a desolate horizon and disappears as if engulfed by an incandescent glow. We look upon a city as if in agony, then as a mirage, the persistent memory of a forgotten utopian future ... When the needle hits the vinyl, the atmosphere is almost palpable. Mike lays it on thick in the Guardian interview again "We've become a lot more nihilistic over the years. In a way we're really celebrating an idea of collapse (the track Collapse is in the middle of the album) rather than resisting it. It's probably quite a bleak album, depending on your perspective. It's not post-apocalyptic so much as it is about an inevitable stage that lies in front of us." So much for setting the scene. Certainly, based on oneâs personal film experience, or the rapport that each of us has with the music of Boards Of Canada, the album probably wonât evoke the same images. The precise dramatic outline drafted here by the Scottish duo, show that the random and abstract Super8 collages that once served as promotional videos are now an irrelevance. Even if we find a few smooth, familiar sounds, Tomorrow's Harvest is not really an album of progressive ambient electro or an acidic sound kaleidoscope. It was conceived as a soundtrack and must be taken as such. Unfortunately, today, no one is around to make the ideal film for it and this is probably also why nostalgia operates from the very first notes. The Sandison brothers also tip their hats to low budget series composers from the 70s and 80s : Mark Isham, Fabio Frizzi (the composer for Zombi 2 in 1979, a fake Italian Romero sequel), Stefano Mainetti (Zombie 3, 1988) Wendy Carlos (The Shining in 1980, Tron 1982) or John Harrison. The latter seems to find a special place in their repertoire. The sinking feeling of White Cyclosa (track 3 of Tomorrow's Harvest) strangely resembles the introduction that Harrison plays for The Dead Suite, from the soundtrack of Romeroâs Day Of The Dead (1985), whilst not being as oppressive and nihilistic as a zombie film. The atmospheres are more subtly layered and the emotions that emerge more diverse, but no less intense. This is certainly one of the more sincere and moving tributes given to this genre of cinema from the electronic music genre. Now letâs allow Marcus and Mike show off their wares in their own way.
LAME