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More Discreet than Most of Their Contemporaries

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title More Discreet than Most of Their Contemporaries
author Jean-François Micard
publication D-Side
date November 2005
issue 31
pages 18-19




"More Discreet than Most of Their Contemporaries" was an interview (in French) by Jean-François Micard originally published November/December 2005 in D-Side magazine.


Original text

This is an original text copied verbatim from the original source. Do not edit this text to correct errors or misspellings. Aside from added wikilinks, this text is exactly as it originally appeared.

Note: Transcription by Apple's Live Text on a MacBook Pro



Plus discrets que la plupart de leurs contemporains, les deux Ecossais de Boards Of Canada enregistrent pourtant ensemble depuis près de vingt ans... Rien d'étonnant à cela puisqu'ils sont frères, une parenté qu'ils ont longtemps choisi de taire Marcus Sandison devenant Marcus Eoin, son second prénom et Mike gardant leur nom de famille), pour éviter d'attirer l'attention sur eux, pour laisser la musique parler d'elle-même. Une intention louable, chez ces chantres du silence, dont le quatrième véritable album (après une pléthore d'autoproductions). The Campfire Headphase toujours chez Warp, ne ressemble à aucun autre, ou plutôt à une magnifique relique rejetée par les vagues, usée, salie, mais à la mélancolie si présente qu'elle prend à la gorge. Vite, attrapons-les avant qu'ils ne s'effacent..


The Campfire Headphase est votre album le plus organique à ce jour, avec beaucoup de guitares et de field-recordings. Qu'est-ce qui vous a conduits à réintroduire de cette manière le monde réel dans votre musique?
Mike Sandison: Lorsque nous avons commencé à jouer dans des groupes, au début des années 80, nous étions vraiment dans l'univers des guitares. Nous jouions tous les deux dans des formations qui étaient influencés par Killing Joke, Siouxsie And The Banshees et les Misfits, mais nous commencions également à expérimenter ensemble avec des synthétiseurs et des samplers en parallèle. Ensuite, nous sommes passés à Nitzer Ebb et Front 242, et vers le début des années 90, Télectronique a pris le dessus, c'est alors que nous avons décide de former Boards Of Canada. Nous fonctionnons par phases, parfois très électroniques, parfois nettement moins. Je pense que, d'une certaine manière, nous réagissons à Geogaddi, qui était l'album le plus électronique et le plus abstrait que nous ayons jamais fait, et que, au lieu de répéter cette approche, nous avons essayé de faire quelque chose qui se poserait en contraste de cet album.
C'est également un album très nostal-gique...
Marcus Eoin: Je suis sûr que tout le monde est nostalgique de quelque chose. Même si nous faisons une musique qui évoque une certaine nostalgie chez nos auditeurs, nous ne nous référons pas nécessairement a des événements ou une histoire spect-fique, mais plutöt au sentiment que tu peux éprouver à l'écoute de certains sons ou motifs qui font écho à un souvenir familier. Nous apprécions le fait qu'une musique puisse avoir l'air érodée, usée par les intempéries, et nous combinons cette approche avec une tentative d'écrire des mélodies qui ont une beauté et un sens très personnels pour nous, ce qui a tendance a générer un son assez tragique en ce qui nous concere.
Depuis Music Has The Right To Children, vous êtes souvent associés à une sorte de "revival" enfan-tin. Y a-t-il eu des événements particuliers dans votre enfance qui ont influencé la musique que vous composez aujourd'hui?
Une grande partie de ce qui nous inspire et nous motive en tant que groupe provient de la musique et de l'art auxquels nous avons été exposés lorsque nous étions enfants. Nous avons tous les deux vécu quelque temps au Canada lorsque nous étions petits, et il existait là-bas, à cette époque, une catégorie de musique, de films et d'arts graphiques vraiment très spécifiques et très orientés vers l'enfance. Nous avons grandi en regardant les programmes éducatifs de la telé et les films pour enfants, et il y avait à chaque fois ce style particulier de musique et d'images qui nous a laissé une influence durable. C'est difficile à expliquer aujourd'hui, mais c'était quelque chose de vraiment très fort, des styles qui allaient bien au-delà de la musique et de la télévision, mais se retrouvaient aussi dans les livres que nous lisions, les publicités, dans tout en fait. Je pense que nous sommes toujours en train d'essayer de recapturer d'une certaine manière l'essence de cette époque, pas tant pour elle-même que pour le fait que tout le monde semblait y mener une vie plus simple et sans doute plus heureuse. C'était une époque plus utopique, du moins c'est ainsi que nous nous en souvenons. Je ne pense pas que nous soyons vraiment engagés dans un quelconque revival de l'enfance, mais plutôt que notre inspiration vient très spécifiquement des expériences enfantines de notre géné-ration, qui a grandi dans les années 70 et au début des années 80.
L'une des principales caractéristiques de The Campfire Headphase est la façon dont vous avez fait vieillir les sons, comme si on les écoutait , sur une vielle cassette usée...
Mike: Nous avons commencé à enregistrer de la musique très tôt, à peu près à dix ans, et nous avions toujours divers instruments qui traînaient dans la maison, y compris de vieux magnétocassettes bas de gamme. Nos premières expérimentations en multi-pistes consistaient en fait à enregistrer quelque chose sur l'un ces magné-tos, puis à passer la cassette dans la pièce tout en rejouant un autre son par-dessus, et en enregistrant l'ensemble en direct sur un autre magnéto situé à proximité. Nous répétions ce processus encore et encore, jusqu'à avoir une quinzaine de couches sonores, et tout devenait alors très distordu et dégradé. Une quinzaine d'années plus tard, lorsque nous avons commencé à envisager la musique de manière plus sérieuse, nous avons retrouvé ces vieilles cassettes et nous nous sommes rendus compte que ce n'étaient pas simplement les chansons que nous avions enregistré qui nous plaisaient, mais aussi leur aspect vraiment très dégradé. D'une certaine manière, ce type de sonorité est un peu devenu l'emblème de ce que nous souhaitions faire avec Boards Of Canada, en nous inspirant également de tous ces vieux films et ces vieilles émissions des années 70 que nous avons pu voir à la télé, où les bandes ont été diffusées si souvent que le son en est devenu étouffe, avec un chuintement et des sautes en plein milieu. Cela donne au son une personnalité magnifique, que nous avons essayé de recréer à travers une musique composée aujourd'hui.
Même en travaillant principalement avec des ordinateurs, vous êtes toujours parvenus à créer une musique profondément humaine qui vous a d'emblée placés à part de vos compagnons de label chez Warp. Est-ce que cette prépondérance des émotions humaines sur les machines vous semble capitale?
Oh, oui. Nous n'aimons pas écouter une musique propre, ""parfaite"" qui a été polie, et parfaitement accordée et calée, car il n'y a aucune place pour l'émotion dans ce type de musique. Nous avons toujours eu l'impression que les sentiments humains dans la musique sont particulièrement attachés aux defauts, aux erreurs. Ce sont les hésitations, les angles un peu érodés, les plantages qui sont inté-ressants, et c'est également de ces moments d'imperfection que peut surgir la tristesse d'une musique. Les meilleurs chanteurs de l'histoire ont toujours eu quelque chose d'un peu ""faux"" dans leur jeu, et c'est de là que vient leur personnalité.
Sur Geogaddi, pourtant, vous avez déclaré avoir composé votre musique à partir de structures mathéma-tiques. Ecrivez-vous toujours avec ce type d'idées en tête ?
Marcus : Oui, elles sont toujours là, mais tout de même largement moins sur le nouvel album. Nous avons choisi cette fois-ci de faire quelque chose de beaucoup plus simple, davantage basé sur les mélodies et les ambiances que sur les grandes théories.
Ce type de déclaration a poussé de nombreuses personnes à voir en vous des formes d'occultistes fana-tiques, cachant des messages à l'envers dans les samples de vos morceaux... Comment réagissez-vous devant de telles interprétations de votre musique ?
Mike : Nous nous contentons d'inclure des sujets que nous trouvons intéressants, pour en faire des thèmes de chansons ou de graphisme, et pour projeter un éclairage totalement différent sur une mélodie. Lorsque tu joues dans un groupe avec un chanteur, il est plus difficile d'écrire des chansons avec des thèmes bizarres, car le chanteur aurait sans doute l'air un peu ridicule à monter sur scène pour chanter des textes sur, par exemple, les trous noirs ou le voyage dans le temps. En tant que groupe instrumental, nous pouvons aborder des idées plus étranges, car la musique instrumentale laisse davantage de place à l'imagination de l'auditeur pour décider de quoi parle la musique, à quoi elle se réfère, où ce qu'elle peut accom-pagner. Cela permet d'être plus abstrait ou surréaliste...
Avant Twoism, votre premier album officiel, vous avez publié beaucoup de disques tirés à très peu d'exem-plaires, souvent cinquante ou cent copies. Pourquoi si peu ?
Marcus: Cela m'amuse toujours quand on me demande pourquoi il existe si peu d'exemplaires de nos premières sorties. Nous n'étions pas signés chez Warp à l'époque, et chacune de ces sorties était financée par notre propre argent, ce qui fait que nous en publiions autant qu'il nous était financièrement possible de le faire. Si nous en avions édité davan-tage, c'est le loyer que nous n'aurions pas pu payer. J'espère pouvoir les rééditer dans l'avenir, mais pas forcément sous la forme d'albums de Boards Of Canada. Je sais que vous êtes nombreux à espérer les avoir.
Ces premières œuvres pourraient sans doute nous être utile pour appréhender l'évolution de la musique de Boards Of Canada...
Mike: Tu as raison, c'est possible qu'elles le soient. Je crois que l'une des principales caractéristiques de notre musique est qu'elle existe dans son propre univers clos, qui a très peu à voir avec les autres styles de musique actuels. Une bonne partie des titres dont nous parlons, les démos et les premières cassettes que nous enregistrions pour les copains, montrent clairement d'ou nous venons, et la plupart des gens qui les ont entendues semblent maintenant avoir une oreille plus sensible à ce que nous faisons aujourd'hui, car ils nous comprennent mieux, et ils comprennent qu'une bonne partie de ce que nous faisons est référentielle ou ironique.
Quelles sont les prochaines étapes prévues pour Boards Of Canada ? Nous avons déjà commencé à travailler sur un nouvel album, qui sera quelque chose de très différent de ce que nous pu faire jusqu'à présent. Nous avons également quelques projets parallèles, mais il est encore trop tôt pour en parler, car nous ne savons pas s'ils se matérialiseront ou non dans cet univers...


DISCOGRAPHIE
Catalog 3 (EP) - 1987
Acid Movies (EP) - 1989
Play by Numbers (EP) - 1994
Hooper Boy (EP) - 1994
Twoism - 1995
BoC Maxima - 1996
Old Tunes Vol. 1 (K7) - 1996
Old Tunes Vol. 2 (K7) - 1996
Hiscores (EP) - 1996
Music Has The Right To Children - 1998
Peel Sessions (EP) - 1999
In a Beautiful Place out in the Country (EP) - 2000
Geogaddi - 2002
The Campfire Headphase - 2005


CONTACT

www.boardsofcanada.com


Translated text

Note: Translated by ChatGPT-4o


More discreet than most of their contemporaries, the two Scots from Boards Of Canada have been recording together for nearly twenty years... It's not surprising, since they are brothers, a kinship they chose to keep secret for a long time (Marcus Sandison becoming Marcus Eoin, his middle name, and Mike keeping their family name) to avoid drawing attention to themselves, letting the music speak for itself. A commendable intention from these advocates of silence, whose fourth true album (after a plethora of self-productions), The Campfire Headphase, still with Warp, is unlike any other. It is more like a magnificent relic washed up by the waves, worn, soiled, but with such present melancholy that it grabs you by the throat. Quickly, let's catch them before they fade away...


The Campfire Headphase is your most organic album to date, with a lot of guitars and field recordings. What led you to reintroduce the real world into your music this way?
Mike Sandison: When we started playing in bands in the early 80s, we were really into the guitar universe. We both played in groups influenced by Killing Joke, Siouxsie And The Banshees, and the Misfits, but we also began experimenting together with synthesizers and samplers in parallel. Then we moved on to Nitzer Ebb and Front 242, and by the early 90s, electronic music took over, which is when we decided to form Boards Of Canada. We go through phases, sometimes very electronic, sometimes much less so. I think, in a way, we are reacting to Geogaddi, which was the most electronic and abstract album we ever made. Instead of repeating that approach, we tried to create something that would contrast with that album.
It is also a very nostalgic album...
Marcus Eoin: I'm sure everyone is nostalgic for something. Even if we make music that evokes a certain nostalgia in our listeners, we are not necessarily referring to specific events or stories, but rather to the feeling you get when you hear certain sounds or motifs that echo a familiar memory. We appreciate music that seems worn out, weathered, and we combine this approach with an attempt to write melodies that have a very personal beauty and meaning to us, which tends to generate a rather tragic sound in our work.
Since Music has the Right to Children, you are often associated with a kind of childlike revival. Were there specific events in your childhood that influenced the music you compose today?
A large part of what inspires and motivates us as a band comes from the music and art we were exposed to as children. We both lived in Canada for a while when we were young, and there was a very specific category of music, films, and graphic arts there at that time, very oriented towards childhood. We grew up watching educational TV programs and children's films, which always featured this particular style of music and images that left a lasting influence on us. It's hard to explain today, but it was something very strong, styles that went far beyond music and television but were also found in the books we read, advertisements, everything really. I think we are still trying to recapture, in some way, the essence of that time, not so much for itself, but because everyone seemed to live a simpler and probably happier life. It was a more utopian time, at least as we remember it. I don't think we are truly engaged in any kind of childhood revival, but rather our inspiration comes very specifically from the childhood experiences of our generation, who grew up in the 70s and early 80s.
One of the main features of The Campfire Headphase is the way you aged the sounds, as if listening to them on an old worn-out cassette...
Mike: We started recording music very early, around ten years old, and we always had various instruments lying around the house, including old low-end tape recorders. Our first multi-track experiments involved recording something on one of those recorders, then playing the tape in the room while playing another sound over it, and recording the whole thing live on another recorder nearby. We repeated this process over and over until we had about fifteen sound layers, and everything became very distorted and degraded. About fifteen years later, when we started taking music more seriously, we found those old tapes and realized that it wasn't just the songs we liked, but also their very degraded aspect. In some way, this type of sound became a bit of an emblem of what we wanted to do with Boards Of Canada, also inspired by all those old films and TV shows from the 70s we saw on TV, where the tapes had been played so often that the sound became muffled, with hissing and jumps in the middle. It gives the sound a beautiful personality, which we tried to recreate through music composed today.
Even working mainly with computers, you always managed to create deeply human music, which immediately set you apart from your label mates at Warp. Does this predominance of human emotions over machines seem crucial to you?
Oh, yes. We don't like listening to clean, “perfect” music that has been polished and perfectly tuned and timed, because there is no room for emotion in that type of music. We always felt that human feelings in music are particularly tied to flaws, mistakes. It's the hesitations, the slightly eroded edges, the crashes that are interesting, and it's also from these moments of imperfection that the sadness of music can emerge. The best singers in history always had something a bit “off” in their performance, and that's where their personality comes from.
On Geogaddi, however, you said you composed your music based on mathematical structures. Do you still write with these kinds of ideas in mind?
Marcus: Yes, they're still there, but much less so on the new album. This time, we chose to do something much simpler, more based on melodies and atmospheres than on grand theories.
Such statements have led many people to see you as fanatical occultists, hiding backward messages in your samples... How do you react to such interpretations of your music?
Mike: We just include subjects we find interesting, to make them song themes or graphics themes, and to shed a completely different light on a melody. When you play in a band with a singer, it's harder to write songs with weird themes because the singer would probably look a bit ridiculous going on stage to sing lyrics about, for example, black holes or time travel. As an instrumental band, we can tackle stranger ideas because instrumental music leaves more room for the listener's imagination to decide what the music is about, what it refers to, what it can accompany. This allows us to be more abstract or surreal...
Before Twoism, your first official album, you released many records in very limited copies, often fifty or a hundred copies. Why so few?
Marcus: It always amuses me when people ask why there are so few copies of our early releases. We weren't signed to Warp at the time, and each of these releases was financed with our own money, so we published as many as we could afford. If we had released more, we wouldn't have been able to pay the rent. I hope to reissue them in the future, but not necessarily as Boards Of Canada albums. I know many of you hope to have them.
These early works could probably be useful to us to understand the evolution of Boards Of Canada's music...
Mike: You're right, they might be. I believe one of the main characteristics of our music is that it exists in its own closed universe, which has very little to do with other current music styles. Many of the tracks we're talking about, the demos and early tapes we recorded for friends, clearly show where we came from, and most people who have heard them now seem to have a better ear for what we do today because they understand us better and understand that much of what we do is referential or ironic.
What are the next steps planned for Boards Of Canada?
We have already started working on a new album, which will be very different from what we have done so far. We also have a few side projects, but it's still too early to talk about them because we don't know if they will materialize in this world...


DISCOGRAPHY
Catalog 3 (EP) - 1987
Acid Movies (EP) - 1989
Play by Numbers (EP) - 1994
Hooper Boy (EP) - 1994
Twoism - 1995
BoC Maxima - 1996
Old Tunes Vol. 1 (K7) - 1996
Old Tunes Vol. 2 (K7) - 1996
Hiscores (EP) - 1996
Music Has The Right To Children - 1998
Peel Sessions (EP) - 1999
In a Beautiful Place out in the Country (EP) - 2000
Geogaddi - 2002
The Campfire Headphase - 2005


CONTACT

www.boardsofcanada.com


Scans

Highlights

  • Marcus Eoin: I'm sure everyone is nostalgic for something. Even if we make music that evokes a certain nostalgia in our listeners, we are not necessarily referring to specific events or stories, but rather to the feeling you get when you hear certain sounds or motifs that echo a familiar memory.
  • "I don't think we are truly engaged in any kind of childhood revival, but rather our inspiration comes very specifically from the childhood experiences of our generation, who grew up in the 70s and early 80s."
  • Marcus: This time, we chose to do something much simpler, more based on melodies and atmospheres than on grand theories.
  • Marcus: (our early releases) I hope to reissue them in the future, but not necessarily as Boards Of Canada albums. I know many of you hope to have them.
  • "We have already started working on a new album, which will be very different from what we have done so far. We also have a few side projects, but it's still too early to talk about them because we don't know if they will materialize in this world..."

External Links


References